La naissance de Lola, par Babou69
Samedi 15 Novembre 2003
Ces deux dernières semaines, j’avais pris l’habitude d’aller vomir mon dîner au pipi de 1h00, normal ma puce prenant beaucoup de place, l’estomac avait beaucoup de mal à faire face !..
Ce soir là n’en pouvant plus je dis à mon chéri : « Ça suffit maintenant !... il faut qu’elle naisse, je ne tiendrai pas un jour de plus !... J’ai mal partout, je vomis, j’en peux plus…»
2h50, je me lève pour le pipi rituel, mais je me sens « bizarre », un peu pâteuse dans la culotte. Et là surprise à la fin du pipi, ben ça coule toujours… j’ai tout de suite compris : je perds les eaux…
Je réveille chéri. Malgré l’heure matinale il est en pleine forme… ça fait tellement longtemps qu’il se languit de tenir sa fille dans ses bras !
On se prépare calmement, la maternité est à peine à 5 mn en voiture. Je range dans la valise les trucs de dernière minute, (à chaque mouvement je m’inonde un peu plus), je passe un petit coup de fil à la maternité pour prévenir de mon arrivée… et nous voilà partis !
Sur la route j’appelle mes parents (ils vivent en Martinique, pour eux il est 22h00) : « ça y est j’ai perdu les eaux, on part à la maternité ! »… ils sont comme des fous, ils n’en dormiront pas de la nuit…
3h30 arrivée à la maternité, je suis accueillie par une sage-femme adorable, Eve-Marie, tout est calme, c’est un bonheur. Elle nous installe provisoirement dans une chambre, elle me met sous monitoring et me donne de quoi éponger l’inondation (ma puce bouge beaucoup et ça n’arrange pas les choses…). Elle m’examine : je suis dilatée à 2… Depuis la rupture de la poche des eaux, j’ai des contractions douloureuses, localisées dans les reins, mais supportables. On les voit bien au monitoring, et mon chéri trouve follement amusant de m’annoncer l’arrivée d’une nouvelle contraction au fur et à mesure !
Eve-Marie me demande quels sont mes souhaits pour mon accouchement, et moi bien décidée je répond : « je veux un accouchement le plus naturel possible, pour la péridurale je me laisse le choix, pour l’instant je supporte bien les contractions, et surtout je veux allaiter mon bébé en salle d’accouchement ». Pas de problème, elle me propose de repasser m’examiner dans une heure et me conseille ainsi qu’à chéri de dormir un peu.
4h15, les contractions se sont intensifiées et j’ai terriblement envie de vomir. Devant mes geignements et ma mine déconfite, chéri appelle la sage-femme. Eve-Marie va chercher des « haricots » et me soutient pendant que je rend ma bile (hé oui j’ai vomi le dîner de la veille quelques heures plus tôt…). Une fois la crise calmée, elle me donne du spasfon en suppo et me conseille d’essayer de somnoler encore un peu. Au monitoring bébé va bien, elle n’arrête pas de gigoter entre deux contractions comme si l’envie de sortir enfin de sa bulle se faisait de plus en plus forte !
6h00, J’en peux plus, les contractions sont très douloureuses, m’enserrent les reins, j’ai l’impression qu’on me déplace les lombaires une à une avec une clé à molette !.. Mais je tiens bon, je sens au fond de moi que je peux supporter plus. Et puis avec chéri, on se rappelle les cours d’haptonomie et on se concentre tous les deux main dans la main sur le bébé. Eve-Marie m’examine, je suis dilatée à 6 ! « C’est bien !...On va pouvoir passer en salle de travail », dit-elle. Chéri est ravi que ça avance aussi vite…
6h30, le temps d’arriver en salle de travail, je suis déjà dilatée à 9. Waou ça va vite ! Elles font mal ces p…. de contractions mais au moins elles sont efficaces !
A ce stade je ne pense même plus à la péridurale, de toutes façons c’est trop tard… Eve-Marie me propose de me poser une perf et de m’injecter un dérivé morphinique très dilué. Ça va m’aider, dit-elle, à gérer la douleur afin de rester efficace pour la poussée. J’accepte, j’ai besoin de quelque chose qui me permette de souffler un peu… ce sera la seule « entorse » à mon accouchement « naturel ».
En quelques minutes, je plane. Je n’ai jamais consommé aucune drogue de toute ma vie, ça ne me tente pas du tout mais je dois dire que là, cette drogue là est la bienvenue…
Je m’allonge sur la table d’accouchement…NON, impossible de rester allongée, ni même en position semi-assise. Finalement, la seule position que je supporte c’est accroupie au bout de la table d’accouchement les bras autour des épaules de mon chéri. Eve-Marie a retiré la partie escamotable de la table pour laisser place à une sorte de trou en demi-lune sous mon bassin.
« Allez, maintenant on va pousser ce bébé », me dit-elle. Mais non je peux pas, je ne sens même pas sa tête dans mon bassin, par contre je sens toujours ses petits pieds qui me labourent l’estomac… Et puis je réalise que mon chéri est juste en face de moi, il est entrain de tout voir ce qui se passe, lui qui souhaitait assister à la naissance de sa fille, mais pas de face !
« T’occupes pas, reste accrochée à mes épaules, me dit-il, il faut pousser maintenant, vas-y ». A ce moment-là j’ai réalisé combien je l’aime, combien c’est un homme merveilleux, c’est l’homme de ma vie !...
Aussi j’entend Eve-Marie dire qu’elle termine sa garde à 8h00, je vois arriver l’autre sage-femme qui doit la relever, elle s’appelle Pauline. Oh non, je veux que Eve-Marie soit là jusqu’au bout ! Alors je me concentre sur mon bébé à l’intérieur de moi… et je pousse.
Première poussée : « on voit la tête, on voit ses petits cheveux ! » disent en chœur Eve-Marie et Pauline qui, pour l’instant, suivent les évènements par-dessus l’épaule de mon chéri.
Deuxième poussée : « la tête est sortie ! ». Là les deux sages-femmes prennent la relève de mon chéri pour la sortie des épaules.
Troisième poussée : « les épaules sont dehors, allez-y, vous pouvez la saisir et la poser sur votre ventre !»
Moment magique, indescriptible, je saisis mon bébé et je le pose sur mon ventre. Il est tout chaud, tout gluant et tellement beau. Lola… notre fille… elle pousse un cri strident, un seul, puis plante son regard dans le mien… elle est née les yeux grand ouverts sur la vie. Je me retourne vers mon chéri, il éclate en sanglots, je ne l’ai jamais vu comme ça…Il est 8h13.
A ce moment-là, les sages-femmes s’éclipsent de la salle et nous laissent là tous les deux à admirer notre merveille. Elle est belle, elle a plein de cheveux noirs. J’essaye de la mettre au sein mais elle glisse trop, je vais attendre plutôt qu’ils l’aient nettoyée.
Un quart d’heure après, les sages-femmes sont de retour avec la gynécologue de garde. Elles proposent à mon chéri de couper le cordon, moment très fort, puis elles amènent un bain chaud tout près de moi pour que mon chéri puisse donner son premier bain à sa fille. Puis une auxiliaire accompagne bébé et chéri dans une petite salle à côté pour les premiers soins et l’habillage.
Je reste là avec les deux sages-femmes et la gynéco, je sais ce qui m’attend, il faut expulser le placenta.
« Vous avez très bien poussé, c’était magnifique » me complimentent-elles. « Allez un dernier petit effort, vous allez voir c’est plus facile que pour pousser le bébé ».
Je ne ressens plus du tout de contractions, alors je pousse, je pousse mais rien ne vient. « Massez-vous le ventre », me dit Pauline, « ça va venir ». Enfin je sens une boule progresser dans mon vagin, ça y est, le placenta est expulsé. La gynéco et les sages-femmes l’examinent, tout y est. Je dis au revoir à Eve-Marie qui a fini sa garde, je ne sais pas comment la remercier… Elle a tout mis en œuvre pour me faire vivre l’accouchement que je désirais.
Mon chéri revient avec notre trésor, toute belle dans son habit rose. Il m’annonce son poids, tout fier : 3,990 kg ! Il me la pose sur le ventre. Pauline m’aide à bien la positionner pour la première tétée. Je suis aux anges. Pauline s’installe pour recoudre ma petite déchirure, je ne sens rien, j’ai ma puce sur mon sein, elle tête avidement, pour moi rien d’autre n’est important.
Véronique, maman de Lola