La naissance d'Éloïc, par Sela
Le 20 novembre au soir, je me sens
patraque, moral bas, plus envie de bouger. J’ai des contractions que je sens de
plus en plus, mais ça peut n’être que la fatigue. On mange, puis sur le coup de
21h je dis à Olivier que « C’est peut-être ce soir après tout ». Ça ne m’arrange
pas, Rydwen est censée avoir la varicelle pendant quelques jours encore. Bon je
retarde encore la décision d’aller faire un monito à l’hôpital « pour le cas où
», rangeant un peu l’appart, préparant quand même mes affaires et celles de bébé
pour la mater. On demande au parrain de Rydwen de nous amener à l’hôpital, il
est trop tard pour que les bus circulent. Il arrive très vite, et à 21h45 on
traverse les urgences pour aller côté mater’. Rydwen est dans la voiture avec
son parrain, ils attendent le verdict. Je ne lui ai même pas dit au revoir…
Une SF m’examine : ouverture à 4-5cm. On ne fait pas de monito finalement.
Olivier court prévenir le parrain qui va garder
Rydwen à la maison, pendant ce temps je vais en salle de travail, la seule qui
reste et justement celle que je voulais (table d’accouchement sans étriers),
sort mes petites affaires, mets un CD dans le magnéto. La SF m’a laissée seule,
il y a 4 accouchements au même moment, dont une césa en urgence, pour 2 SF et
une élève.
Olivier arrive, je lui demande de me masser doucement le ventre pendant les
contractions qui font bien mal. On a tout oublié des cours d’haptonomie, tant
pis. Dans un passage éclair de la SF, où elle regarde la dilatation (6-7cm),
j’explique mon projet d’accouchement. Je suis bien tombée, elle-même a accouché
tout pareil ! Elle m’explique juste pourquoi elle tient malgré tout à la perf –
« Bon ok ». C’est l’élève qui me la pose… et reste avec nous pendant que la SF
court à la césa.
J’ai mal… Olivier tente de faire ce que je lui demande (le « modelage » de la
jambe vu en hapto), ça n’aide pas suffisamment. J’essaye la respiration
sophrologique, qui avait fait des miracles pour mon premier accouchement, mais
là effet zéro.
Je me retrouve sur la table, les pieds dans les cale-pieds, je veux déjà
pousser. « C’est trop tôt, vous n’en êtes qu’à 8 ! » dit l’élève SF. Ah bon…
Encore 5 minutes et « Je vous assure, je veux pousser ». « Bientôt, il reste
encore un peu de col. » Je commence à pousser quand même, elle appelle d’autres
femmes ! « Ça vient ça vient ! » En 3 poussées la tête était là, seul le menton
restait à passer. Toutes 4 m’encouragent : « Doucement ! Tout doucement…
Respirez ! » J’ai tellement mal… mais je m’incline devant leur nombre et pousse
DOUCEMENT. Ça se déchire un peu, je le comprends à leurs commentaires, mais on
me dit : « Voilà, vous pouvez l’attraper si vous voulez. » Maladroitement
j’attrape mon petit bonhomme, il me semble minuscule ! « Il est plus petit que
Rydwen à la naissance finalement ! » J’apprendrai que non, au contraire. Posé
sur mon ventre, la première chose qu’il ai faite a été de lever la tête pour
regarder dans tous les sens… Il était 22h48.
Après je ne me rappelle plus de la chronologie. J’étais émerveillée, mais me
disais surtout : « Ouf c’est fini… » Si ça avait dû durer plus longtemps je ne
sais pas comment j’aurais fait, avec la douleur. A un moment j’ai demandé si je
pouvais le mettre tout de suite au sein. Dans le même temps il fallait évacuer
le placenta, recoudre mon "éraflure".
Gros moment de doute : il manquait un bon morceau de membrane. La SF était là
pour l’expulsion du placenta, elle a pris les choses en mains, notant au passage
que si révision utérine il fallait, la perf allait être bien utile car on
devrait m’endormir. Doucement, patiemment, elle a massé et massé mon ventre,
tirant le plus délicatement du monde sur le bout sortant… ça a fini par venir :
la 2ème moitié était là !
On a quand même emmené mon petit bout pour le test d’Apgar et l’aspiration, le
papa suivant. Au retour Olivier me dit : « Il attrapait tous les tuyaux ! En
essayant de les retirer… » Les femmes étaient assez sciées de sa vivacité. Avec
Olivier on s’est regardé « Encore un tonique. » Pire que Rydwen à dire vrai, ça
promettait ! Par contre je ne l’ai pas trouvé beau.
Enfin voilà, a suivi une longue attente que tous les 3 dans la salle, les autres
accouchements continuaient… J’ai fini par dire à mon chéri de rentrer, il était
quand même minuit 45 et on ne savait pas comment le parrain se débrouillait avec
notre petit ange Rydwen. Plus tard on m’a montée dans la chambre, Éloïc dormait.
Pour l’anecdote (pas très marrante) : je suis restée 4 jours à la maternité puis
Olivier a emmené Rydwen chez le médecin pour vérifier l’évolution de sa
varicelle. « Mais elle ne l’a jamais eue ! C’est une virose. » Pendant ce temps
je voyais le pédiatre qui hésitait beaucoup à me laisser sortir, Éloïc étant
encore sur une courbe de poids descendante. Mais je craquais loin des miens,
même si ces quelques jours seule avec Éloïc m’a permis de mieux faire
connaissance avec lui que si j’étais directement rentrée.
Dès le départ Rydwen a été géniale, ne se montrant pas jalouse pour un sou, pas
trop trop curieuse non plus (elle ne veut pas toujours le toucher), et faisant
des efforts pour être douce avec lui, comme nous lui demandons.